GIALLO

Turin. Un mystérieux chauffeur de taxi kidnappe et torture de jolies femmes. Linda Jefferson, dont la sœur Céline vient d'être enlevée, se lance sur les traces du maniaque accompagnée de l'inspecteur de police Enzo Avolfi.

 

Réalisation : Dario Argento

Scénario : Dario Argento

Photographie : Frederic Fasano

Musique : Marco Werba

Durée : 90 minutes

Production : Claudio Argento, Donald A. Barton, Adrien Brody, Rafael Primorac, Richard Rionda Del Castro 

Date de sortie : 2009

Genre : Giallo moderne

 

Adrien Brody : Enzo Avolfi / le tueur, Emmanuelle Seigner : Linda Jefferson, Elsa Pataky : Céline Jefferson, Robert Miano : Inspecteur Mori, Daniella Fazzolari : Sophia, Valentina Izumi Cocco : Keiko

 

GIALLO est un thriller furieusement moderne qui contraste avec les précédents films de DARIO ARGENTO.

Pour la première fois de sa carrière, le cinéaste nous offre un giallo (jaune en français) qui dévoile l'identité du criminel dès les premières minutes. Une entorse à un règlement ancestral (la tradition remonte à SIX FEMMES POUR L'ASSASSIN de MARIO BAVA) qui en appelle d'autres. 

Filmée en gros plan et désacralisée, la figure du maniaque n'entretient plus aucun rapport avec celle qui hantait les classiques argentiens de jadis. Finis les présentations énigmatiques, les gants en cuirs, les pardessus noirs et la préciosité macabre, dans Giallo, le serial-killer est glauque et réaliste au possible. Argento ne s'embarrasse d'aucune finesse puisqu'on le voit même uriner dans un lavabo !

Les scènes de terreur subissent le même ravalement de façade. Bestiales (le visage d'une jeune femme est réduit en bouillie par un marteau ; une seringue vient se loger dans une langue en gros plan), elles se veulent l'antithèse de celles ayant fait la gloire du réalisateur dans les années 70-80. La distanciation chère au cinéaste appartient à une époque révolue. Plus question d'esthétiser les scènes de meurtres ou de les rendre plus supportables pour le spectateur, dans Giallo, la mort est crue, sale et puante.

Une approche qui convient à la personnalité de l'assassin, QUASIMODO des temps modernes souffrant d'une maladie physique qui a fait de lui un paria - un flash-back émouvant révèle le harcèlement scolaire dont il fut victime. Pour se venger des brimades qu'il subit depuis sa naissance et inverser les canons de beauté, il décide de défigurer le visage des jeunes femmes qu'il enlève. Un aplanissement qui, selon ses critères déviants, lui permettra d'être "comme tout le monde" et donc accepté par la société.

Aussi solitaire et violent que le tueur en série, l'inspecteur ENZO AVOLFI (ADRIEN BRODY) déploie toute son énergie pour faire progresser une enquête à laquelle toute son existence est dédiée. Le but de sa croisade est simple : localiser puis exécuter le criminel. Comme souvent chez Dario Argento (fan de FREUD pour l'éternité), la raison de cette obsession se trouve dans un passé lointain. 

L'interprétation est en dents-de-scie. Si Adrien Brody parvient à tirer son épingle du jeu dans le double rôle du flic et du maniaque (sans toutefois arriver à la cheville d'un DAVID HEMMINGS, inoubliable héros des FRISSONS DE L'ANGOISSE), EMMANUELLE SEIGNER, mal dirigée et peu convaincante, peine à exister à l'écran. Dire que les deux comédiens dégagent une émotion limitée est un euphémisme.

Le manque d'émotions est d'ailleurs le problème numéro 1 de Giallo. Rythmé et plutôt ludique (la sœur de l'héroïne va-t-elle être secourue à temps ?), le long-métrage est cependant loin d'exercer la même subjugation que les classiques du réalisateur. La faute à une mise en scène presque banale qui aurait pu être l'œuvre de n'importe quel faiseur de torture porn. Un constat que l'on avait déjà pu faire avec THE CARD PLAYER, précédent giallo du cinéaste qui souffrait lui aussi d'un manque de personnalité problématique.

Malgré quelques sympathiques clins d'œil au passé (un cadavre sanguinolent nous renvoie à l'une des images-chocs de SUSPIRIA ; le début n'est pas sans rappeler celui d'OPERA), cette énième célébration de la folie humaine confirme le passage à vide de l'Italien, ex-génie peinant à retrouver le chemin de l'inspiration.

 

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