SUSPIRIA

Une jeune Américaine vient étudier le ballet dans une école allemande mondialement réputée, mais elle se rend vite compte que l'école est le théâtre de phénomènes inquiétants. Elle comprend peu à peu que les fondateurs même de l'école faisaient usage de magie noire.

Réalisation : Dario Argento

Scénario : Dario Argento et Daria Nicolodi

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Goblin

Durée : 98 minutes

Production : Claudio et Salvatore Argento

Date de sortie : 1977

Genre : Fantastique

 

Jessica Harper : Suzy Bannion, Stefania Casini : Sarah, Flavio Bucci : Daniel, Alida Valli : Miss Tanner, Joan Bennett : Madame Blanc, Miguel Bosé : Mark, Barbara Magnolfi : Olga

 

Œuvre d'une puissance et d'une originalité hors du commun, train fantôme de la terreur dont on ressort les mains moites et le cœur battant, SUSPIRIA fait partie de ces films dont le souvenir restera à tout jamais gravé dans nos mémoires.

Si des ingrédients fantastiques avaient déjà distillé des longs-métrages de DARIO ARGENTO par le passé (LES FRISSONS DE L’ANGOISSE s’éloignait des terres du giallo pour aborder des contrées plus surréalistes), jamais ils n’avaient imprégné la pellicule du maestro avec autant de véhémence.

Co-écrit avec DARIA NICOLODI, compagne du cinéaste passionnée par les sciences occultes, Suspiria déroule le tapis rouge aux forces des ténèbres. Au centre de tous les regards, la magie noire contamine le film de sa malfaisance.

Source de tous les malheurs pour l’humanité, la Mère des Soupirs, la Mère des Ténèbres et la Mère des Larmes, sœurs et sorcières dont les méfaits commencèrent à l’aube du XIe siècle sur les rives de la mer Noire, rivalisent d’ingéniosité pour gouverner le monde et s'enrichir. Chacune se trouve positionnée à un point stratégique du globe : la Mère des Soupirs (alias HELENA MARKOS) à Fribourg, la Mère des Ténèbres à New York et la Mère des Larmes à Rome.

Suspiria concentre son attention sur la Mère des Soupirs, aînée de la fratrie et fondatrice de l’académie de danse dans laquelle se déroule l’action.

La sorcière va tenter de tuer la seule jeune femme capable de mettre un terme à son projet de domination des hommes. Cette femme, c’est SUZY BANNION, formidablement interprétée par JESSICA HARPER (PHANTOM OF THE PARADISE), femme enfant traversant la pellicule avec une délicatesse et une intensité jamais prises en défaut. Et surtout, des aptitudes en danse que l'on n'aurait même pas l'idée de discuter, quand bien même elle n'esquisse que quelques pas.

Premier et meilleur épisode de la trilogie des Trois Mères (INFERNO et LA TERZA MADRE lui emboîteront le pas en 1980 et 2007), Suspiria ne subit pas les affres du temps.

De la mise en scène de Dario Argento, raffinée et excentrique jusqu'au délire, à la musique du groupe GOBLIN (qui avait déjà signé la bande-son des Frissons de l'angoisse), tétanisante, en passant par la photographie magnétique de LUCIANO TOVOLI, chef opérateur qui a utilisé la couleur comme de la peinture, tout concoure à faire de cette œuvre l'un des plus intemporels tableaux de maître jamais imaginé par le cinéma d’horreur.

Les scènes de meurtres franchissent un nouveau palier dans la violence chimérique. Dans Suspiria, la mort est lente et douloureuse. Et elle jaillit toujours des profondeurs de l’inconnu, à l’image du double meurtre inaugural, classique du genre s'enracinant dans des décors d’un baroque échevelé - la grande verrière à travers laquelle passe un corps de jeune fille rougeoyant frappe par sa démesure. Summum de sadisme, le douloureux chemin de croix d’une élève partie se réfugier dans un grenier avant de tomber dans une pièce remplie de barbelés confirme le goût immodéré du réalisateur pour les mises à mort insolites et brutales. Du grand art rehaussé par des éclairages bleutés divins.

Mais Dario Argento sait aussi faire preuve d’une certaine retenue dans l’utilisation de ses effets, comme peut en témoigner la longue et sobre quête finale dans le corridor de l’enfer, voyage initiatique émaillé de tapisseries dorées et de bibelots sataniques parachevant la monstrueuse féerie qui se dégage du film.

Traversé par des faciès inoubliables (ALIDA VALLI campe avec férocité une prof de danse adepte des pratiques humiliantes ; JOAN BENNETT une directrice doucereuse, mais tout aussi dangereuse que sa comparse), Suspiria est une expérience sensorielle qui scelle définitivement le génie de Dario Argento, metteur en scène alors au sommet de son talent de styliste. 

  

★★★★★

 

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