PIRANHAS

Une nouvelle espèce de piranhas créée par l'armée est accidentellement relâchée dans un fleuve durant l'été.

 

Réalisation : Joe Dante

Scénario : John Sayles

Photographie : Jamie Anderson

Musique : Pino Donaggio

Durée : 95 minutes

Production : Jon Davison

Date de sortie : 1978

 

Genre : Miam miam

 

Bradford Dillman : Paul Grogan, Heather Menzies : Maggie McKeown, Kevin McCarthy : Dr Robert Hoak, Barbara Steele : Dr Mengers, Keenan Wynn : Jack

 

Oui, c'est un fait, PIRANHAS ressemble pas mal aux DENTS DE LA MER. Mais contrairement aux petits copieurs de l’époque (gros clin d’œil à nos amis italiens, grands adeptes du détournement bis peu scrupuleux), cette production ROGER CORMAN a la franchise d’afficher son lien de parenté avec le film de SPIELBERG dès les premières images, une borne d’arcade JAWS venant nous rappeler à quel point Les Dents de la mer a marqué le genre de son empreinte. 

Pour autant, le long-métrage de JOE DANTE (GREMLINS) est loin de ressembler à une copie carbone. Plus irrévérencieux et désinvolte que le classique de Spielberg, Piranhas sait comment marquer son territoire.

Grand pourfendeur des autorités militaires et de l'autorité tout court (l'armée et la police, manipulatrices et incapables de protéger les populations, en prennent pour leur grade), le film arbore un visage joyeusement anarchique qui deviendra la marque de fabrique du cinéaste dans les années à venir. PAUL GROGAN (BRADFORD DILLMAN) et MAGGIE MCKEOWN (HEATHER MENZIES), deux anti-héros réunis par le même entêtement, personnifient à merveille cette anarchie bienveillante. Prêts à aller en prison pour défendre leurs convictions, ils incarnent la seule résistance valable face aux piranhas puisque tous les autres intervenants feignent de ne pas voir la menace.

Volontiers mordant quand il s'agit de pointer l'absence de déontologie du pouvoir militaro-politique, Piranhas n'en oublie pour autant pas son autre mission : créer un sentiment d'angoisse qui va aller crescendo à mesure que les poissons s'approchent des baigneurs. Habile dans l'art de faire monter la tension (comme dans Les Dents de la mer, la vue subjective nous indique que les tueurs marins sont sur le point de passer à l'action), le long-métrage atteint son apogée dans les dernières bobines, construites sur deux morceaux de bravoure prétextes aux hurlements et aux éclaboussures.

La recette est simple, mais bougrement efficace : la caméra colle au plus près des visages et des corps des baigneurs pendant que les piranhas rongent leur chair. Une mise en scène macabre qui s'accompagne de bruitages stressants (la poiscaille fait un boucan d'enfer qui n'est pas sans rappeler celui d'un essaim d'abeilles) et de geysers de sang criants de vérité. Un véritable carnage qui n'a pas pris une seule ride.

Emmené par un casting qui fait la part belle aux acteurs de séries B des années 50-60 (KEVIN MCCARTHY, l'inoubliable comédien de L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES cabotine comme un joyeux drille dans la peau d'un scientifique sur le retour), ce film à petit budget fait preuve d'une énergie communicative du début à la fin, empoignant son sujet avec une fraîcheur vivifiante.

Steven Spielberg affirmait à l'époque que Piranhas était le meilleur rip off des Dents de la mer. Avec le recul, on ne peut que lui donner raison.

 

★★★☆☆

 

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