LE SANG DES INNOCENTS

Un homme assassine des jeunes femmes à Turin. Le commissaire Moretti découvre que ces meurtres sont liés à ceux commis il y a vingt ans dans la même ville. Lors de ses investigations, Moretti rencontre Giacomo, qui enfant, avait assisté à l'assassinat de sa mère devant ses yeux. Les deux hommes décident alors d'unir leurs forces pour mettre hors d'état de nuire l'assassin.

 

 

Réalisation : Dario Argento

Scénario : Dario Argento

Photographie : Ronnie Taylor

Musique : Goblin

Durée : 117 minutes

Production : Dario Argento, Claudio Argento

Date de sortie : 2001

Genre : Giallo

 

 

Max von Sydow : Ulisse Moretti, Stefano Dionisi : Giacomo, Chiara Caselli : Gloria, Roberto Zibetti : Lorenzo, Gabriele Lavia : docteur Betti

 

Les années 90 ne furent pas de tout repos pour DARIO ARGENTO. Mis à part l'intrigant LE SYNDROME DE STENDHAL (1996), on ne peut pas dire que l'étoile du réalisateur ait brillé au firmament. À vrai dire, ce serait plutôt l'inverse, DEUX YEUX MALÉFIQUES (1990), TRAUMA (1993) et LE FANTÔME DE L’OPÉRA (1998) ayant terni la filmographie jusque-là quasi irréprochable du cinéaste.
Sorti au début des années 2000, LE SANG DES INNOCENTS avait donc une tâche difficile : redorer le blason d'un metteur en scène plus ou moins abandonné par l'inspiration. Sans égaler les plus grandes pièces maîtresses du transalpin, cette nouvelle production s'envisage comme une très agréable surprise. Le giallo (le genre fétiche du réalisateur depuis le succès de L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL en 1970) y est revisité avec une application, mais aussi une envie de reconquête qui font plaisir à voir. Un pied dans le passé (le scénario consomme sans parcimonie tous les gimmicks du genre) et un pied dans la modernité (le montage est beaucoup plus nerveux que jadis), Le Sang des innocents fait adroitement le lien entre deux époques.

Classique, mais cohérent, le scénario ne manque pas de piment, et ce, même si l'on aurait souhaité un peu plus de folie. C'est d'ailleurs la plus grande lacune de ce giallo.

Malgré des meurtres très graphiques (le flash-back dévoilant le massacre de la mère du héros est gore à souhait), malgré des expérimentations formelles que l'on croyait appartenir à un passé révolu (mention au plan-séquence révélant la décapitation d'un "cygne"), malgré une formidable séquence d'introduction créant d'emblée un malaise palpable, le long-métrage peine à rivaliser avec la perspective freudienne de TÉNÈBRES ou la démence surréaliste des FRISSONS DE L'ANGOISSE, deux productions auxquelles il ne cesse de se référer.

Pour autant, on aurait tort de faire la fine bouche.

Même s'il n'a retrouvé qu'une partie de sa géniale bizarrerie, le cinéaste a toujours l'art et la manière d'aiguiser l'appétit du spectateur, témoin privilégié de la résurrection d'un tueur en série dont les dons d'ubiquité et l'inclination pour les homicides baroques sont soulignés par une mise en scène et des musiques (les fidèles GOBLIN, absents depuis PHENOMENA, signent une BO à la fois rock et fétichiste) bien décidées à servir les codes du genre avec dévotion.

ULISSE MORETTI (MAX VON SYDOW, charismatique, mais sous-employé) et GIACOMO GALLO (STEFANO DIONISI, agréable, mais un peu fade), deux enquêteurs croqués avec une vraie compassion, parviendront-ils à trouver la clé de l'énigme avant la police ? Réponse à la fin de la projection, avec, en guise de récompense, un twist dans la grande tradition du giallo.

Sans être irréprochable, ce retour de la vieille garde confirmait à l'époque la santé retrouvée du cinéma d'horreur italien, alors capable de rivaliser avec le meilleur du slasher américain sans pour autant perdre de vue ses fondamentaux esthétisants et thématiques.

 

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