LES GRIFFES DE LA NUIT

Un ignoble croquemitaine, doté de griffes à la place des doigts, sévit dans une banlieue américaine. Pour arriver à ses fins macabres, il se nourrit des cauchemars des adolescents. Quatre jeunes décident d'affronter Freddy en luttant contre leur propre sommeil...

 

 

Réalisation : Wes Craven

Scénario : Wes Craven

Photographie : Jacques Haitkin

Musique : Charles Bernstein

Durée : 88 minutes

Production : Robert Shaye, Sara Risher, Stanley Dudelson, Joseph Wolf et John Burrows

Date de sortie : 1984

Genre : Horreur

 

 

Robert Englund : Freddy Krueger, Heather Langenkamp : Nancy Thompson, John Saxon : Donald Thompson, Johnny Depp : Glen Lantz Amanda Wyss : Tina Gray

 

WES CRAVEN commence à écrire LES GRIFFES DE LA NUIT après avoir fini la production de LA CRÉATURE DU MARAIS en 1981. Rejeté par de nombreuses sociétés (dont la PARAMOUNT), son projet est finalement avalisé par la compagnie indépendante NEW LINE CINEMA, studio créé en 1967 par ROBERT SHAYE.

Grand succès au box-office de 1984, ce premier volet de la longue saga des Freddy réussit à l'époque à raviver la flamme des teenagers pour les tueurs invincibles du cinéma de terreur. Comme ses confrères JASON (VENDREDI 13) et MICHAEL MYERS (HALLOWEEN), FREDDY KRUEGER est rapidement devenu une superstar aux États-Unis, apportant gloire et fortune à son interprète, le caméléonien ROBERT ENGLUND, transfuge du théâtre habitué aux petits rôles dans les années 70.

Film au concept novateur, Les Griffes de la nuit alterne avec brio les séquences gores et les scènes oniriques où les rêves d'une poignée d'adolescents sont littéralement envahis par la présence d'un ancien tortionnaire d'enfant au visage brûlé revenu se venger. Contrairement à la majorité des films d'horreur, la peur prend sa source dans le rêve et non pas dans la réalité. Ce postulat inédit offre une marge de manœuvre considérable au cinéaste qui, affranchi des contraintes de logique et de rationalité, peut se permettre tous les délires imaginables. Ce dont il ne se prive pas d'ailleurs, pour notre plus grand plaisir.

En plaçant des personnages dans des situations pour le moins originales, Wes Craven enchaîne les séquences-chocs décapantes et les trouvailles visuelles débordantes d'audace.

L'assassinat de TINA (AMANDA WYSS), traînée sur les murs et le plafond par une entité invisible capable de se fondre dans le décor, la mise à mort de ROD (NICK CORRI) dans la prison, la mythique scène onirico-sexuelle dans la baignoire, ou bien encore le combat final entre la coriace NANCY THOMPSON (incarnée par la très naturelle HEATHER LANGENKAMP) et Freddy constituent autant de passage d'anthologie qui ont marqué le genre d'une pierre blanche.

La première heure du long-métrage est irréprochable.

Malheureusement, la dernière partie vient un peu freiner nos ardeurs. Plus routinier, moins créatif, plus bavard, le film de Craven donne l'impression d'avoir exploré son sujet sous toutes les coutures alors que l'on croyait que son imagination était sans limites. Pire, certains flottements réussissent à nous faire prendre en grippe des personnages que l'on avait aimés jusque-là.

Sommet de n'importe quoi, l'interminable échange verbal par fenêtres interposées entre Nancy et son père (JOHN SAXON) plombe ce qui aurait logiquement dû être une séquence-clé. Une mollesse dont on se serait bien passé à un stade de suspense aussi avancé.

Par chance, l'ultime affrontement baroque entre l'adolescente et Freddy (jolie fin en forme de pied de nez) nous réconcilie avec le long-métrage même si la cassure de rythme a laissé des traces en terme d'implication émotionnelle.

Malgré une fin en dent-de-scie et une direction d'acteurs pas toujours inspiré (RONEE BLAKLEY, alias la mère de Nancy, est insupportable), Les Griffes de la Nuit demeure l'un des cocktails les plus originaux et intéressants des années 80, une décennie où le pire a côtoyé le meilleur, que ce soit dans le cinéma d'horreur en général ou la filmo de Craven, réal' qui aura alterné les bonnes surprises et les déceptions amères tout au long de sa carrière.

 

À noter : le film offre son premier rôle à un certain JOHNNY DEPP, "spécialiste" des rêves un rien maladroit !

 

★★★★

Écrire commentaire

Commentaires: 0