UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL

Dans un train, un homme pénètre dans un wagon-lit et assassine au hachoir un couple en voyage de noces. Plus tard, le meurtrier se présente lui même comme un paranoïaque, auteur de cinq meurtres commis sur des femmes. Il s'agit de Richard Harrington, jeune styliste prisonnier d'une psychose qui le pousse à tuer.

 

 

Réalisation : Mario Bava

Scénario : Mario Bava et Santiago Moncada

Photographie : Mario Bava

Musique : Sante Maria Romitelli

Durée : 105 minutes

Production : Manuel Caño

Date de sortie : 1970

Genre : Thriller freudien

 

 

Stephen Forsyth : John Harrington, Dagmar Lassander : Helen Wood, Laura Betti : Mildred Harrington, Jesús Puente : l'inspecteur Russell, Femi Benussi : Alice Norton

 

JOHN HARRINGTON (STEPHEN FORSYTH) est prisonnier d'une psychose aussi destructrice que celle de NORMAN BATES. Obsédé par les jeunes mariées et les machettes, l'individu est en sus flanqué d'une épouse castratrice qui ne lui laisse aucune marge de manœuvre.

Cinéaste phare du giallo et de l'épouvante gothique, MARIO BAVA fait une nouvelle volte-face avec ce thriller freudien assez original dans sa filmographie. Une fois n'est pas coutume, son funeste héros ne tue par pour des motifs pécuniaires ni par vengeance, mais parce que des "forces supérieures" l'y obligent. Profondément ambivalent, le personnage place le spectateur dans une position inconfortable, le réalisateur Mario Bava le forçant à devenir le complice privilégié d'actes de plus en plus sordides.
Pourtant, si les crimes du styliste œdipien demeurent impardonnables, quelque chose en lui attire la compassion. Abject lorsqu'il engouffre ses victimes mortes dans son four crématoire privé (scènes relevées par des raccords réjouissants de cynisme), l'homme n'en reste pas moins touchant quand il cherche à comprendre la source de son trauma, revoyant inlassablement un passé monopolisé par une figure maternelle et un étrange garçonnet, clés d'une énigme qui pourrait le libérer à tout jamais de sa prison macabre.

Mis en image avec brio, UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL marque l'apothéose du style Bava. Plus psychédélique que jamais, le transalpin nous offre un florilège d'images à la hauteur de la folie du psychopathe. Jouant avec ses focales, usant et abusant de trucages optiques perturbants (les visages floutés et déformés forment une farandole de mirages dont on ne sait jamais vraiment s'ils relèvent de la réalité ou du rêve), le réalisateur pousse son style dans ses derniers retranchements, idéalement secondé par une bande-son hybride où s'entrechoquent envolées lyriques (la musique de SANTE MARIA ROMITELLI est remarquable) et bruitages stressants.
Emmené par un Stephen Forsyth littéralement possédé, le long-métrage de Bava prend la forme d'une longue descente aux enfers hypnotiques que seules quelques longueurs finissent par affaiblir dans les ultimes minutes, un zeste monotones - les apparitions intempestives de l'épouse du criminel s'avèrent assez lassantes.

Reste une production importante dans l'histoire du cinéma de genre italien, alors en pleine effervescence.

 

 

★★★☆☆

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