C'ÉTAIT DEMAIN

Londres, 1893. Une prostituée est sauvagement poignardée par Jack l'Éventreur dans une ruelle proche du domicile de l'écrivain Herbert G. Wells. Ce soir-là, ce dernier a réuni quelques amis pour leur montrer sa dernière création : une machine à explorer le temps révolutionnaire. Parmi eux se trouve Stevenson, Jack l’Éventreur en personne.

 

 

Réalisation : Nicholas Meyer

Scénario : Nicholas Meyer

Photographie : Paul Lohmann

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 112 minutes

Production : Herb Jaffe et Steven-Charles Jaffe

Date de sortie : 1979

Genre : Science-fiction

 

 

Malcolm McDowell : H.G. Wells, David Warner : John Lesley Stevenson / Jack l'Éventreur, Mary Steenburgen : Amy Robbins

 

C’ÉTAIT DEMAIN exploite une idée à priori farfelue et pourtant fichtrement excitante : la rencontre entre l'écrivain H.G. WELLS (LA GUERRE DES MONDES, L'HOMME INVISIBLE) et le tueur de prostituées JACK L'ÉVENTREUR, deux ex-amis tous deux propulsés dans le San Francisco de 1979.
Voir les deux hommes se livrer à une lutte sans merci a quelque chose d'assez grisant pour nos sens, éperonnés par une réunion improbable qui doit énormément au charisme de ses deux interprètes principaux : MALCOLM MCDOWELL (ORANGE MÉCANIQUE, LA FÉLINE) et DAVID WARNER (TRON, L'ANTRE DE LA FOLIE).

Croustillant dans les vêtements de l'écrivain le plus anticonformiste de l'Angleterre victorienne, McDowell incarne un H.G. Wells sensible et romantique qui ressemble à un grand enfant paumé dans un monde qui n'est pas le sien, un môme déçu par la tournure qu'ont pris les évènements - la paix et l'égalité sociale dont il rêvait jadis restent encore et toujours des conquêtes à accomplir. Face à lui, le sombre David Warner se glisse avec jubilation dans la peau du criminel le plus tristement célèbre de Londres, tueur calculateur et cynique qui se fond avec une étonnante facilité dans l'Amérique violente des temps modernes. La conviction des deux comédiens est telle qu'il ne nous viendrait même pas à l'esprit de douter un seul instant de la crédibilité de l'histoire qui défile sous nos yeux.

La recette de NICHOLAS MEYER est simple : plutôt que de submerger le spectateur sous un flot d'effets spéciaux et d'explications scientifiques, le réalisateur préfère jouer la carte de la proximité, croquant ses personnages avec une vraie compassion. De ce point de vue, le cinéaste a réussi son pari : loin de ressembler à des gravures figées dans le passé, ses deux héros se réinventent sous nos yeux, enrichissant leurs personnalités respectives de petites nouveautés auxquelles ils n'auraient jamais pu goûter de leur "vivant".
Si la rencontre entre deux époques radicalement antagonistes occasionne quelques beaux anachronismes et autres montées de suspense appréciables (la girlfriend de Wells - MARY STEENBURGEN, actrice déjà aperçue dans RETOUR VERS LE FUTUR 3 - va servir d'appât à Jack L’Éventreur), on déplore que la mise en images soit aussi quelconque, la réalisation de Nicholas Meyer ne brillant guère par son originalité. Cet aspect somme toute très téléfilmesque prive le film des grandes ambitions qu'il aurait pu avoir.
Ce qui ne nous empêche pas de savourer ce long-métrage ô combien pittoresque et surréaliste, descendant légitime du fringant LA MACHINE À EXPLORER LE TEMPS, autre production consacrée aux pérégrinations d'H.G Wells, alias le premier socialiste officiellement déçu de l'Histoire de l'humanité.

 

★★★☆☆

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