HOLLOW MAN, L'HOMME SANS OMBRE

Un brillant scientifique, Sebastian Caine, travaille pour les services secrets. Il vient de mettre au point une formule pour rendre invisible. Après l'avoir testée avec succès sur lui-même, il s'aperçoit qu'il ne peut plus inverser le phénomène. Ses collègues tentent alors de trouver une solution. Mais Caine devient de plus en plus obsédé par son nouveau pouvoir.

 

 

Réalisation : Paul Verhoeven

Scénario : Gary Scott Thompson, Andrew W. Marlowe

Photographie : Jost Vacano

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 112 minutes

Production : Alan Marshall, Douglas Wick

Date de sortie : 2000

Genre : Science-fiction

 

 

Kevin Bacon : Sebastian Caine, Elisabeth Shue : Linda McKay, Josh Brolin : Matt Kensington, Kim Dickens : Sarah Kennedy

 

On attendait beaucoup de la rencontre entre l'homme invisible et PAUL VERHOEVEN. Entre les mains du père de TOTAL RECALL et de STARSHIP TROOPERS, le spectacle ne pouvait être que réjouissant et prétexte à moult interrogations philosophiques.

Hélas, cette libre adaptation du classique d'H.G WELLS n'est au final qu'un gros film hollywoodien (presque) comme tous les autres. Comment le cinéaste n'a-t-il pu retenir que le minimum syndical d'un pitch aussi passionnant ? Comment a-t-il pu se laisser aller à autant de scènes convenues alors que le "mythe" du personnage ouvrait une foultitude de possibilités ?

Les choses s'étaient pourtant engagées de la plus belle manière qui soit. Riche en perspectives scientifiques et en personnages expansifs (SEBASTIAN CAINE, alias KEVIN BACON, catalyse, puis excite l'intérêt du spectateur dès son apparition), la première partie prend la forme d'un fantasme devenu réalité sous nos yeux : celui de l'invisibilité, une invisibilité enfin domestiquée par l'être humain. L'idée de mettre un pied dans l'inconnu se révèle d'autant plus électrisante que l'expérience comporte des risques. Malheureusement, sitôt la transformation accomplie, HOLLOW MAN, L'HOMME SANS OMBRE revêt un visage conformiste que l'on n'aurait jamais pensé croiser dans le cinéma verhoevenien.

Faisant fi du déchirement intérieur de leur cobaye consentant, les deux scénaristes préfèrent se rabattre sur deux valeurs nettement plus sécurisées : l'appétit sexuel et la soif de destruction de leur homme invisible, icône du mal débarrassé de l'ambiguïté morale qui faisait tout le sel du roman original d'H.G Wells.

Assez fastidieux, les exploits du "monstre" se bornent à quelques jeux pervers (l'individu passe la majeure partie de son temps à empoigner les seins de ses collègues de travail et à mater les donzelles en tenue d'Eve) faisant de plus en plus office de socle artistique. Jusqu'à l'incontournable et rébarbative séquence finale à rallonge à la TERMINATOR.

S'il n'a pas complètement perdu la main (certaines scènes gores viennent nous rappeler à quel point le réalisateur demeure l'un des maîtres de la violence malsaine), le cinéaste ne peut en aucune manière camoufler les convenances d'une histoire plus portée sur l'action que la psychologie. Un comble au regard de l'essence hybride et infiniment extensible du personnage central, erreur de la science ne sachant plus à quel monde il appartient.

Reste une interprétation décente (le faciès vicieux de Kevin Bacon était prédestiné à croiser la route d'un personnage aussi vaniteux que Caine) et une poignée de coups d'éclat vaguement dérangeants.

Venant de la part d'un iconoclaste enragé comme Paul Verhoeven, ces quelques saillies créatives se révèlent malheureusement trop édulcorées pour convaincre.

 

★★☆☆☆

* Images trouvées sur le net

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