FRAGILE

Infirmière au passé douloureux, Amy est nommée dans un hôpital pour enfants sur le point d'être fermé pour cause d'insalubrité. Mais tandis que se prépare le départ des patients et du corps médical, d'étranges incidents ont lieu, dont les premières victimes sont les enfants. Rapidement, Amy se rend compte de l'existence d'une présence paranormale dans le mystérieux bâtiment. 

 

 

Réalisation : Jaume Balagueró

Scénario : Jaume Balagueró et Jordi Galcerán

Photographie : Xavi Giménez

Musique : Roque Baños

Durée : 93 minutes

Production : Julio Fernández et Joan Ginard

Date de sortie : 2005

Genre : Fantastique

 

 

Calista Flockhart : Amy Nicholls, Richard Roxburgh : Robert Marcus, Elena Anaya : Helen Perez, Gemma Jones : Mme Folder, Yasmin Murphy : Maggie, Colin McFarlane : Roy

 

L'équilibre entre la suggestion et l'expressivité, l'émotion et la pudeur est un art fragile dans lequel excelle JAUME BALAGUERÓ, homologue espagnol d'un HIDEO NAKATA.

Frères de sang lorsqu'il s'agit de concilier drame et fantastique, les deux réalisateurs partagent également la même passion pour le monde du surnaturel version malédiction. FRAGILE a donc quelques chromosomes japonais dans son ADN, ce qui ne l'empêche pas de développer une personnalité intéressante.

Ménageant les apparitions de son spectre, effrayant quand il passe à l'action, le réalisateur orchestre un crescendo horrifique qui fonctionne de la manière la plus naturelle possible, c'est-à-dire sans saccades ni coups d'éclat grossiers - le corps et le visage du fantôme sont effleurés dans les dernières minutes. Le capital crédibilité du film n'est donc jamais mis à l'épreuve, un atout précieux qui permet à Fragile de traverser les minutes sans montrer de signes d'essoufflement dommageables.

Débarrassée des artifices les plus lourds, la tension ne quitte jamais l'hôpital quasi-désaffecté dans lequel se déroule la majeure partie de l'action, lieu prétexte à des visions et des traumas de plus en plus pesants à porter. Troublante de naturel,  CALISTA FLOCKART (AMY) se révèle un catalyseur d'angoisse de tout premier ordre, la spontanéité extrême de son jeu servant à merveille les dessins d'un scénario misant moins sur la résolution de l'énigme (crédible, mais d'un classicisme absolu) que sur le cheminement moral de ses personnages, confrontés à des phénomènes inexplicables exacerbant leur sensibilité et leur sens du devoir.

Il y a donc une âme dans les couloirs du bâtiment lugubre. Une âme poétique (les ultimes bobines sont presque aussi émouvantes que celles de DARK WATER), sensible (fantastique scène où les visages des enfants s'illuminent en découvrant LA BELLE AU BOIS DORMANT de WALT DISNEY, film utilisé fort à propos) et bien entendu fragile - à l'instar de l'équilibre entre le monde de l'au-delà et le monde réel, le long-métrage repose sur un château de cartes périlleux dont on redoute l'effondrement dans les toutes dernières minutes, catastrophe qui ne se produit fort heureusement pas.

La compassion et l'effroi ont ainsi trouvé matière à fusionner de la plus belle façon qui soit.

 

★★★☆☆

* Images trouvées sur le net

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