CONTAGION

Après être revenue d'un voyage d'affaires à Hong Kong, Beth Emhoff meurt d'un virus inconnu. Quelques jours après, ce sont des centaines de milliers d'autres humains qui disparaissent à leur tour. Quelle est la nature de cette étrange épidémie et surtout, comment la stopper ?

 

 

Réalisation : Steven Soderbergh

Scénario : Scott Z. Burns

Photographie : Steven Soderbergh

Musique : Cliff Martinez

Durée : 106 minutes

Production : Steven Soderbergh, Gregory Jacobs, Michael Shamberg, Stacey Sher et Arnon Milchan

Date de sortie : 2011

Genre : Science-fiction réaliste

 

 

Matt Damon : Thomas Emhoff, Kate Winslet : Erin Mears, Marion Cotillard : Leonora Orantes, Gwyneth Paltrow : Beth Emhoff, Jude Law : Alan Krumwiede, Laurence Fishburne : Ellis Cheever

 

L'humanité a de plus en plus peur de son avenir. Lorsque ce ne sont pas les attentats terroristes, les catastrophes naturelles ou bien encore les zombies qui menacent d'éradiquer toute forme de vie sur la planète, c'est un virus diaboliquement efficace qui se charge de le faire. D'où vient-il ? Comment la première infectée l'a-t-elle contracté ? Un vaccin est-il envisageable ? Les questions se multiplient malheureusement plus vite que les réponses. Les brouettes de morts et les désillusions aussi.

Pour sûr, STEVEN SODERBERGH a été contaminé par la morosité ambiante. Inutile d'espérer un peu de lyrisme de la part de CONTAGION, le traitement du cinéaste se veut résolument pragmatique.

Soderbergh n'a cure du suspense et du sensationnalisme, ce qui l'intéresse avant tout, c'est de décrypter le plus minutieusement possible la façon dont un danger d'un nouveau genre est capable d'affecter, puis de modifier en profondeur le comportement des habitants de la Terre, qu'ils soient riches, pauvres, influents ou non.

De ce côté-là, son film tient toutes ses promesses. Loin d'être manichéenne, son analyse de l'âme humaine fait preuve d'une lucidité à toute épreuve, sans excès de confiance ni nihilisme redondant. La crédibilité du long-métrage est donc irréprochable, chaque protagoniste réussissant à matérialiser ses peurs et, par extension, la présence dudit virus.

Cela suffit-il à faire de Contagion une œuvre palpitante ? Malheureusement, non. Ou plutôt, pas complètement. Si quelques sympathiques sueurs froides ponctuent la projection, on regrette que la mise en scène du cinéaste manque à ce point de rythme, surtout durant la première heure, bavarde et touffue au point de nous faire régulièrement décrocher - la petite Soderbergh's touch qui consiste à passer d'un personnage à un autre sans crier gare a tendance à disperser notre attention.

Heureusement, les choses s'accélèrent dans la seconde partie, nettement plus compacte et prenante.

Mettant en balance les intérêts microéconomiques et macroéconomiques, le réalisateur décrypte les conséquences de la crise avec une absence de simplification qui est tout à son honneur, évitant de sombrer dans le syndrome "tous pourris" cher aux productions de ce genre - plus que les institutions, ce sont les individus qui sont pointés du doigt.

Côté acteurs, le bilan est aussi contrasté. Si aucune des têtes d'affiche n'a à rougir de sa prestation, on déplore que certaines stars (GWYNETH PALTROW, MARION COTILLARD et KATE WINSLET) se contentent de faire de la figuration, peu mises en valeur par un cinéaste vraisemblablement plus occupé à esquisser son atmosphère de fin de monde qu'à diriger ses acteurs. Dans ce cas, à quoi bon faire appel à des comédiens réputés ?

Intéressant pour son aspect documenté et lucide, Contagion est un film catastrophe qui n'atteint que partiellement son but et qui, à défaut de créer un sentiment durable de panique, interpelle fortement sur les failles structurelles de nos sociétés contemporaines.

C'est déjà ça de pris.

 

★★☆☆☆

* Images trouvées sur le net

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