PSYCHOSE 2

Après 22 ans passés dans un asile psychiatrique, Norman Bates retrouve enfin sa liberté et rentre au motel familial. Il fait la connaissance de Mary Loomis,  une jeune femme troublante qui va le pousser à affronter ses démons.

 

 

Réalisation :  Richard Franklin

Scénario : Tom Holland

Photographie : Dean Cundey

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 113 minutes

Production : Hilton A. Green

Date de sortie : 1983

Genre : Thriller

 

 

Anthony Perkins : Norman Bates, Vera Miles : Lila Loomis, Meg Tilly : Mary Loomis, Robert Loggia : Bill Raymond, Dennis Franz : Warren Toomey

 

Rarement une suite aura suscité autant d'indignation, de rejet et peut-être même de mépris que PSYCHOSE 2.

Il faut dire que, sur le papier, le long-métrage avait tout d'un projet casse-gueule dont seul un fin stratège aurait pu se dépêtrer. Sans aller jusqu'à faire de l'ombre à son illustre prédécesseur, Psychose 2 réussit une double opération délicate : faire perdurer l'héritage d'un mythe et assurer sa descendance. Un miracle qui doit beaucoup au scénario de TOM HOLLAND. À la fois respectueux du matériel de base et aventureux, le script fait preuve d'une inventivité constante, déjouant les attentes du spectateur au gré d'une relecture qui ne joue jamais la carte de la sécurité.

Loin de la surenchère propre aux slashers et autres films d'exploitation, l'œuvre de RICHARD FRANKLIN se fait un devoir de contourner toutes les facilités d'écriture, de violence et de nudité pour mieux se concentrer sur l'essentiel : le pouvoir de la suggestion. On passe ainsi la majeure partie de la projection à tenter de comprendre les évènements qui se déroulent sous nos yeux.

NORMAN BATES (libéré d'un asile psychiatrique après 22 années d'internement) a-t-il replongé dans ses vieux démons meurtriers ? Si non, quel individu a repris son flambeau ?

Multipliant les fausses pistes, les protagonistes équivoques et les clins d'œil inspirés (l'inévitable scène de la douche sert de prétexte à une introduction faisant le pont entre le noir et blanc et la couleur), Psychose revient sur les lieux du crime sans jamais chercher à imiter le travail d'ALFRED HITCHCOCK.

Témoin de ce désir de changement, le personnage de Norman Bates n'en finit plus de susciter des sentiments contrastés, sentiments qui vont désormais de la compassion à l'inquiétude, en passant par la pitié pure et simple. Tiraillé entre ses vieux fantasmes et une vraie envie de se réinsérer dans la société, l'individu interpelle en permanence le spectateur, qui ne sait jamais s'il a affaire à un psychopathe sur le point de récidiver ou à un homme déterminé à tourner la page.

Cette ambiguïté constitue la clé de voûte d'une production jamais meilleure que lorsqu'elle se décide à brouiller les pistes et à inverser les rôles de coupables et de victimes.

Magistral d'ambivalence, ANTHONY PERKINS prend beaucoup de plaisir à creuser davantage la personnalité de l'ex-tueur en série, décortiquant ses zones d'ombre et son humanité potentielle avec la même finesse d'exécution et les mêmes inhibitions que jadis, réinventant son personnage sans jamais se reposer sur ses acquis. Le résultat final se révèle aussi étonnant (les deux dernières bobines débouchent sur un maelström de sensations fortes) que crédible (l'ultime coup de théâtre passe sans encombre), à des années-lumière du pillage bêtement primaire.

L'honneur est donc sauf.

 

★★★☆☆

* Images trouvées sur le net

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