HITCHER

Jim Halsey accepte de convoyer une voiture à travers les États-Unis. Par une nuit pluvieuse il prend en auto-stop un dénommé John Ryder, un personnage inquiétant. Jim comprend très rapidement qu'il a affaire à un tueur psychopathe et réussit à se débarrasser de son dangereux compagnon de route. Dès lors, une course poursuite commence entre Ryder et sa proie.

 

 

Réalisation : Robert Harmon

Scénario : Eric Red

Photographie : John Seale

Musique : Mark Isham

Durée : 97 minutes

Production : David Bombyk, Edward S. Feldman, Paul Lewis, Charles R. Meeker et Kip Ohman

Date de sortie : 1986

Genre : Thriller

 

 

C. Thomas Howell : Jim Halsey, Rutger Hauer : John Ryder, Jennifer Jason Leigh : Nash, Jeffrey DeMunn : le capitaine Esteridge,

 

Digne héritier du VOYAGE DE LA PEUR (1953, IDA LUPINO), HITCHER a définitivement sacralisé le personnage du "serial-autostoppeur", lui conférant au passage une aura dont il n'avait jamais pu se targuer jusque-là.

Brutal, sombre et dénué du moindre scrupule scénaristique (son épilogue reste d'une ambiguïté éclatante), le film de ROBERT HARMON doit beaucoup au comédien RUTGER HAUER (JOHN RYDER), imparable de violence sèche et de félinité dans les vêtements d'un maniaque de la route arrivé au carrefour de sa vie.

Quelles sont les motivations de l'individu ? Et surtout, pourquoi s'est-il focalisé sur sa dernière proie, le jeune et à priori inoffensif JIM HALSEY (C. THOMAS HOWELL, formidable de dualité) ?

Sur un canevas qui aurait probablement rendu fou d'excitation ALFRED HITCHCOCK (le film ressemble comme un frère de sang au chef-d'œuvre L'INCONNU DU NORD-EXPRESS), Hitcher tisse sa toile avec une précision qui confine au travail d'orfèvre.

S'échangeant en permanence les rôles de victime et de tortionnaire, Ryder et Halsey, au départ antagonistes (l'un est aussi chétif et effacé que l'autre est imposant et punitif), vont progressivement se découvrir des atomes crochus. La raison de ce rapprochement contre nature entre les deux hommes ? Halsey a eu l'outrecuidance de ne pas vouloir mourir au moment où Ryder lui intimait d'ordre de capituler. Si l'auto-stoppeur est le premier à opérer une volte-face spirituelle dès l'instant où il pressent que sa nouvelle proie pourrait bien devenir son dominateur et donc son successeur "officiel", il faudra attendre les dernières bobines pour que le jeune conducteur se découvre des allures de flingueur. Quitte à devenir l'antithèse de ce qu'il était au début de l'aventure.

Le mal serait-il contagieux ? C'est en tout cas une idée à laquelle semble fermement se raccrocher le scénariste ERIC RED, qui a banni de son langage toute forme de manichéisme.

Doté d'une psychologie plus étoffée que la moyenne du genre, Hitcher se distingue également par son degré élevé d'actions brutales et de carambolages meurtriers. Mené tambour battant, le long-métrage assène plusieurs coups de poing dans la tronche, orchestrant une descente en enfer qui, et c'est bien là le paradoxe sur lequel repose l'affrontement, donne le sentiment de se jouer en huis clos. Au mépris des décors désertiques et des routes sinueuses à perte de vue. L'omniprésence de Ryder n'a d'ailleurs d'égale que l'impuissance de Halsey à s'éloigner d'un terrain de jeu qui semble le retenir à chaque nouvelle foulée - toutes les tentatives d'affranchissement du jeune homme se soldent par des échecs cinglants.

Solidement réalisé (l'utilisation du cinémascope n'est pas sans rappeler celle de JOHN CARPENTER) et photographié (les scènes de poursuites en voitures jouissent d'une profondeur de champ vertigineuse), ce thriller désespérément glauque compte parmi les grandes réussites sèches de son époque. Plus qu'en nombre de balles ou en coups de poing échangés, la violence s'y mesure dans sa capacité à transformer les êtres au plus profond de leur âme.

 

★★★★☆

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