LA BAIE SANGLANTE

La comtesse Frederica est brusquement pendue par son mari qui, à son tour, meurt sous les coups de poignard d'un mystérieux assassin. Quatre jeunes gens venus s'amuser pénètrent par effraction dans la villa. Pendant que l'une des filles se baigne dans la baie et se retrouve la gorge tranchée, un garçon et une fille se font trucider par une lance.

 

 

Réalisation : Mario Bava

Scénario : Mario Bava, Dardano Sacchetti, Filippo Ottoni, Franco Barberi et Giuseppe Zaccariello

Photographie : Mario Bava

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 84 minutes

Production : Giuseppe Zaccariello

Date de sortie : 1971

Genre : Slasher nihiliste

 

Claudine Auger : Renata, Luigi Pistilli : Albert, Claudio Camaso : Simon, Anna Maria Rosati : Laura

 

MARIO BAVA n'a plus foi dans l'être humain. Décapité, poignardé, étranglé, perforé, fusillé, l'homme n'en finit plus de trépasser dans d'atroces souffrances, les seules qui soient dignes de lui et de sa médiocrité. Le Bava gothique du MASQUE DU DÉMON et des TROIS VISAGES DE LA PEUR appartient au passé, désormais, l'horreur se conjugue avec le réalisme, un réalisme impitoyable.

Du traditionnel giallo, il ne reste donc plus grand-chose, et surtout pas la fameuse distanciation chère au genre. Dans LA BAIE SANGLANTE, chaque meurtre, chaque éruption de sang, chaque jet de salive est souligné avec une extrême barbarie.

La mise en scène est en osmose avec le scénario (si l'on peut parler de scénario) : implacable, furieuse et nettement moins esthétisante que par le passé. Exception faite de la séquence d'ouverture, splendidement mise en valeur par des éclairages colorés et des mouvements de caméra éthérés, le long-métrage taille la plupart du temps dans le vif du sujet, Bava multipliant les zooms virulents, les raccords au flou perturbants et les déplacements hachés en caméra portée avec une énergie proche de l'épilepsie.

Si cette "nouvelle" façon de filmer a de quoi lasser sur la durée, force est de constater que cette démarche était probablement la seule valable. Au regard du pitch (décalque ultra-cynique des DIX PETITS NÈGRES d'AGATHA CHRISTIE) et du collectif de personnages immondes, une mise en scène à l'ancienne n'aurait guère été adéquate.

Si l'on ne peut pas reprocher de véritables fautes de goût au cinéaste, il faut toutefois constater l'évidence : passé l'effet de surprise, l'absence complète d'enjeux dramatiques (la substantifique moelle du projet se résume à un jeu de massacre de plus en plus sordide) et l'extrême répétitivité de l'action nous poussent très rapidement à nous détacher des images qui défilent sous nos yeux.

C'est donc l'œil éteint que l'on subit cette avalanche de déchaînements meurtriers d'un nihilisme total (les dernières secondes constituent une mise en abyme féroce) qui font de La Baie sanglante un film aussi crispant que stérile.

Reste une œuvre précurseure qui a influencé le futur slasher d'une façon indiscutable. Sans lui, le VENDREDI 13 de SEAN S. CUNNINGHAM n'aurait peut-être pas vu le jour.

 

★☆☆☆☆

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Commentaires: 1
  • #1

    PsychoseDeLecran (samedi, 31 mai 2014 21:49)

    Bien le bonjour Black Screen !

    Premièrement, félicitations pour ton site/blog, je te suivais déjà depuis Skyrock mais vu que je ne faisais pas partie de la communauté je ne pouvais pas commenter. Ça fait sincèrement plaisir de voir quelqu'un qui s'y connait sur le genre de l'horreur défendre son point de vue avec autant de qualité.

    Pour revenir sur La Baie Sanglante, ton avis me rassure. Je lisais un peu partout que ce slasher était un chef-d'oeuvre mais après deux visionnages j'ai rapidement compris que ce n'était pas le cas. De par son statut de film précurseur il a certes eu une influence non-négligeable, comme tu le dis, mais il demeure d'un amateurisme flagrant. L'histoire y est abracadabrantesque, la réalisation vraiment gauche enfin bref à oublier.

    Il n'y a que la toute fin que j'ai trouvé relativement sympathique ^^