TRAUMA

Aura Petrescu, jeune anorexique d'origine roumaine, prend la fuite après avoir assisté à la décapitation de ses parents lors d'une séance de spiritisme. Elle se réfugie auprès de David Parsons, dessinateur employé par une station de télé. Ils enquêtent sur le tueur en série qui les prend en chasse.

 

 

Réalisation : Dario Argento

Scénario : Franco Ferrini, Gianni Romoli, Dario Argento et T.E.D. Klein

Photographie : Raffaele Mertes

Musique : Pino Donaggio

Durée : 106 minutes

Production : Dario Argento, Chris Beckman et David Pash

Date de sortie : 1993

Genre : Giallo moderne

 

 

Asia Argento : Aura Petrescu, Christopher Rydell : David Parsons, James Russo : Capit. Travis, Piper Laurie : Mrs Petrescu, Brad Dourif : Dr Lloyd, 

 

Dans la famille ARGENTO, il faudra désormais compter sur la fille, la sauvage ASIA, nouvelle venue dans le cinéma du grand DARIO, mais déjà familiarisée au film d'horreur transalpin grâce à ses participations à DÉMONS 2 (1986, LAMBERTO BAVA) et SANCTUAIRE (1988, MICHELE SOAVI). Épatante de crédibilité dans les vêtements d'une jeune anorexique (AURA PETRESCU) confrontée au mensonge et à la violence de ses congénères, la comédienne a déjà l'étoffe d'une grande, puissamment et parfois suavement shootée par un paternel toujours aussi fasciné par les belles plantes, fussent-elles le fruit de sa chair.

Sera-ce suffisant pour redonner un petit coup de fouet à la carrière du maestro, en perte de vitesse depuis la fin des années 80 ? Rien n'est moins sûr.

Pour son second film tourné aux USA (DEUX YEUX MALÉFIQUES, sa première expérience américaine, était le résultat d'une collaboration avec son ami de longue date GEORGE A. ROMERO), force est de constater que le réalisateur n'a guère pris de vrais risques artistiques. Ainsi, si l'on fait abstraction de la simplicité des décors et de l'architecture (c'est peu dire que la ville Minneapolis est loin de dégager le même pouvoir d'attraction que la cité de Turin), on se retrouve devant une sorte de giallo à peine modernisé qui piétine sans vergogne les plates-bandes du chef-d'œuvre LES FRISSONS DE L'ANGOISSE, allant même jusqu'à reprendre la majorité de ses ingrédients comme le trauma du tueur, la place accordée aux sciences occultes et l'aspect manipulateur de la mise en scène du crime.

Manque d'inspiration ? Oui, probablement. Sauf que le cinéaste peut compter sur une jolie carte maîtresse pour faciliter une digestion qui s'annonçait délicate : son héroïne, personnage clé qu'il approfondit avec une compassion certaine - le thème central de l'anorexie est traité avec beaucoup de justesse. Dès lors, le film gagne en chaleur ce qu'il perd en originalité et en flamboyance (les meurtres, orchestrés par le pape du genre TOM SAVINI, se montrent en deçà des méfaits lyrico-gores des années 70), le metteur en scène s'attardant plus que de coutume sur les émotions de ses protagonistes, paumés, hésitants, en somme, des êtres humains dans toute leur splendeur de leur fragilité.

À côté de ça, il est regrettable de constater que le scénario n'a pas bénéficié du même soin que la psychologie. La répétitivité de certaines séquences (les évasions à la chaîne et les crises de nerfs d'Aura ont de quoi lasser) et la redondance du final, à proprement parler interminable (la révélation du visage du tueur s'accompagne de digressions pénibles), nous laissent une impression mitigée, un peu comme si Dario Argento se reposait désormais sur ses seuls acquis.

Une demi-réussite ou un demi-ratage, c'est au choix, mais, dans les deux cas, un constat s'impose assez facilement : depuis la fin des années 80, le prodige de l'horreur surréaliste n'est plus que l'ombre de lui-même.

 

★★☆☆☆

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