LE VILLAGE DES DAMNÉS

Une bourgade est victime d'un phénomène étrange. Quelques mois plus tard, douze enfants naissent au même instant. Les têtes blondes s'avèrent rapidement avoir des intentions particulièrement hostiles, menaçant les habitants et leurs parents.

 

 

Réalisation : Wolf Rilla

Scénario : Stirling Silliphant, Wolf Rilla et Ronald Kinnoch

Photographie : Geoffrey Faithfull

Musique : Ron Goodwin

Durée : 77 minutes

Production : Ronald Kinnoch

Date de sortie : 1960

Genre : Science-fiction

 

 

George Sanders : Gordon Zellaby , Barbara Shelley : Anthea Zellaby, Martin Stephens : David Zellaby, Michael Gwynn : Alan Bernard, Laurence Naismith : le docteur Willers

 

LE VILLAGE DES DAMNÉS est avec L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES l'un des plus grands films de science-fiction paranoïaques de son époque. Partageant la même peur vis-à-vis de la menace atomique (les dialogues de l'œuvre de WOLF RILLA y font allusion avec encore plus d'insistance que dans le classique de DON SIEGEL), les deux longs-métrages semblent également réunis par la même méfiance à l'égard de l'inconnu, un inconnu qui prend cette fois l'apparence de jeunes enfants blonds.

D'où viennent-ils ? Quels secrets cache leur perfection génétique ? Existe-t-il un moyen d'établir une passerelle entre leur monde et le nôtre ?

C'est ce que va tenter de découvrir l'éminent docteur CHAFFEE (GEORGE SANDERS), progressiste convaincu que l'humanité a tout à gagner à percer les mystères de ses "envahisseurs" d'un genre nouveau.

Plus sobre et moins mélodramatique que le remake de JOHN CARPENTER, cette première version interpelle par la sécheresse de sa narration. S'attachant à décrire le plus réalistement possible une situation qui n'a justement rien de cartésien, Wolf Rilla adopte une approche débarrassée de toute fioriture et de tout sentimentalisme superflu. Un peu comme s'il se mettait dans la peau de ses funèbres héros, monstres sans scrupules venus éradiquer l'espèce humaine de son territoire.

La sensation de malaise n'en est que plus forte, l'ambivalence des enfants (physiquement parlant, ils sont à l'image de l'homme ; psychologiquement parlant, ils n'entretiennent aucune parenté avec lui) couplée à un no man's land scientifique donnant lieu à quelques très belles poussées d'adrénaline.

La troupe de comédiens est en harmonie avec la mise en scène : sobre et maître de ses effets. Dirigé d'une main de maître, le grand George Sanders ne se laisse jamais déborder par ses émotions, si ce n'est à l'occasion d'une très étonnante scène finale où un mur de briques devient le dernier espoir d'une humanité sur le point de disparaître. Face à lui, on retrouve une pléiade de jeunes acteurs tous plus réfrigérants les uns que les autres, MARTIN STEPHENS (DAVID) en tête, petit prodige dont les déplacements robotiques et l'absence complète de compassion traduisent à la perfection l'implacabilité d'une race de surhommes connectés entre eux par on ne sait quel miracle de la communication.

Avec Le Village des damnés, le mal revêt l'apparence la plus sournoise qui soit : celle de douze blondinets beaux et intelligents auxquels on donnerait le Bon Dieu sans confession. Un camouflage qui leur permet d'agir au nez et à la barbe de leurs détracteurs.

Sorti à une époque charnière de l'Histoire (la première bombe H a explosé quelques années auparavant, la crise des missiles de Cuba se profile à l'horizon), ce monument d'effroi demeure l'un des plus puissants "purgatoires" du cinéma de science-fiction.

 

★★★★☆

 

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