LE SYNDROME DE STENDHAL

Anna Mani, une jeune inspectrice de police, est victime de malaises lorsqu'elle regarde des tableaux. Elle devient la proie d'un dangereux maniaque sexuel qui en profite pour la torturer.

 

 

Réalisation : Dario Argento

Scénario : Dario Argento, Franco Ferrini

Photographie : Giuseppe Rotunno

Musique : Ennio Morricone

Durée : 114 minutes

Production : Dario Argento, Giuseppe Colombo et Walter Massi

Date de sortie : 1996

Genre : Rape and revenge psychologique

 

 

Asia Argento : Anna Manni, Thomas Kretschmann : Alfredo Grossi, Marco Leonardi : Marco Longhi, Luigi Diberti : Inspecteur Manetti, Paolo Bonacelli : Docteur Cavanna, John Quentin : le père d'Anna

 

 

En panne d'inspiration depuis le début des années 90 (DEUX YEUX MALÉFIQUES et TRAUMA n'ont pas laissé de souvenirs impérissables), DARIO ARGENTO revient aux affaires sérieuses avec ce treizième long-métrage inspiré d'une maladie connue sous le nom de syndrome de Stendhal, trouble physico-psychologique provoqué par la contemplation d'un grand nombre d’œuvres d'art dans une période de temps limité. Un trouble qui peut s'accompagner de symptômes variés allant de la perte de sentiment d'identité aux hallucinations, voire l'hystérie.

L'introduction est envoûtante. Contemplant les peintures et les œuvres d'art exposées à la Galerie des Offices de Florence, ANNA MANNI (ASIA ARGENTO) entraîne le spectateur avec elle dans sa chute vertigineuse, lui faisant partager la nature d'un émoi que l'on devine infini, à l'image de la mer du tableau La Chute d'Icare dans laquelle elle plonge corps et âme. Soutenu par la musique lancinante d'ENNIO MORICONE et les gros plans inquisiteurs sur le visage marqué d'Anna Manni, ce voyage initiatique compte parmi les plus belles scènes de Dario Argento. Comme l'héroïne, on en ressort profondément chamboulé.

La suite du long-métrage ne retrouvera qu'en partie la force de ce préambule.

Si Asia Argento est bouleversante du début à la fin (c'est la première et la dernière fois que son père la dirigera avec cette rigueur), on regrette les approximations qui empêchent LE SYNDROME DE STENDHAL de se hisser à la hauteur des monuments du passé comme SUSPIRIA ou LES FRISSONS DE L'ANGOISSE.

La photographie de GIUSEPPE ROTUNNO, assez blafarde, ne rend pas hommages aux scènes les plus surréalistes du film. Un manque d'éclat qui se retrouve également dans la mise en scène de Dario Argento, en quête d'épuration depuis le début des années 90. Les travellings virtuoses et les expérimentations d'OPERA appartiennent définitivement à une époque révolue. Dommage, une réalisation plus éclatante aurait donné encore plus de corps aux traumas d'Anna.  

On notera également que le scénario ne tient pas toutes ses promesses et sombre parfois dans la redondance, à l'instar du (très) long épilogue en forme de clin d’œil à ALFRED HITCHCOCK, l'une des influences revendiquées du réalisateur italien. Une conclusion assez lourde qui contraste avec la finesse surréaliste de la première bobine.

Malgré ces déceptions, on apprécie la manière dont Dario Argento cherche à réinventer les codes du  genre giallo, lui insufflant une crudité radicale. Crudité des dialogues, qui ne s'embarrassent d'aucune fioriture. Crudité des scènes de tortures, qui ne nous épargnent aucun détail macabre sur l'anatomie humaine. Crudité des sévices que le violeur multirécidiviste (THOMAS KRETSCHMANN, vénéneux) inflige à la jeune femme. Crudité dans l'exposition de la maladie de l'héroïne, évoquée sans aucun tabou sexuel ou corporel. Crudité dans la façon dont sont filmés les corps humains, amas de chairs perclus de douleurs et de violences. 

Béquille d'un maniaque qui l'utilise pour assouvir ses pulsions et pervertir l'esprit de sa dernière proie, déjà fragilisée par une première expérience qui avait révélé sa part d'ombre, l'art y apparaît sous son jour le plus obscur, le plus vicieux, le moins rassurant. Après avoir visionné le long-métrage, on ne regardera plus jamais La Naissance de Vénus et La Bataille de San Romano de la même manière tant ces œuvres ont pris une autre dimension.

S'il n'est pas un chef-d'oeuvre, Le Syndrome de Stendhal peut s’enorgueillir d'une originalité et d'une ambition uniques dans le cinéma d'angoisse italien des années 90.

 

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