LA FERME DE LA TERREUR

Après la mort suspecte de son mari, Martha Schmidt devient témoin de phénomènes de plus en plus  effrayants. Il est vrai qu'à proximité de chez elle s'est installée une étrange communauté religieuse : les Hittites. Ces derniers vivent en autarcie et refusent toute technologie moderne, car ils y voient à la place des manifestations du Démon.

 

 

Réalisation : Wes Craven

Scénario : Glenn M. Benest, Matthew Barr et Wes Craven

Photographie : Robert C. Jessup

Musique : James Horner

Durée : 100 minutes

Production : Patricia S. Herskovic, Max A. Keller et Micheline H. Keller

Date de sortie : 1981

Genre : Fantastique

 

 

Maren Jensen : Martha Schmidt, Sharon Stone : Lana Marcus, Susan Buckner : Vicky Anderson, Jeff East : John Schmidt, Colleen Riley : Melissa

LA FERME DE LA TERREUR est un cas à part dans la longue filmographie de WES CRAVEN. Si les frissons et le paranormal se taillent comme de coutume la part du lion, un ingrédient assez inhabituel vient nous rappeler qu'avant de devenir metteur en scène, le futur papa de SCREAM enseignait les sciences humaines.
Entièrement centré sur une communauté religieuse refusant toute forme de progrès social et de mixité culturelle, les HITTITES, La Ferme de la terreur offre une opportunité assez rare à l'auteur : adopter une perspective où anthropologie et fantastique se télescopent en permanence. Le mélange est du reste plus osé que savoureux.

Intéressant lorsqu'il entreprend de décortiquer les mécanismes profonds de l'obscurantisme (Craven souligne violemment le décalage entre les attentes des jeunes générations Hittites et celles conservatrices de leurs pères, qui considèrent le progrès et la liberté de penser comme une personnification du mal à l'état brut), le long-métrage peine en revanche à nous captiver dans sa partie horrifique.
En dépit de quelques séquences réussies (la scène dans la baignoire - qui sera d'ailleurs réutilisée par LES GRIFFES DE LA NUIT du même Craven - fait monter la tension de quelques bons crans) et un score pétrifiant signé JAMES HORNER, la sauce ne prend que moyennement. À la décharge du film, il faut reconnaître que la trame manque considérablement de piquant, et ce, malgré quelques meurtres assez dérangeants. Condamnées à faire du surplace, les manifestations de l'"incube" finissent même par devenir fastidieuses, le scénario se contentant de les empiler sans jamais aller de l'avant. D'où un sentiment généralisé de lassitude.

Côté acteurs, il y a du bon et du moins bon. Si les Hittites forcent le respect (mention spéciale à l'excellent ERNEST BORGNINE, plus vrai que nature dans la peau d'un patriarche n'hésitant pas à flageller sa progéniture "décadente" pour mieux lui faire comprendre les dessins de Dieu), il n'en va pas de même pour la toute jeune SHARON STONE (LANA MARCUS), souvent agaçante pour ne pas dire irritante dans les vêtements d'une (belle) potiche. Par chance, la starlette n'apparaît que par intermittence, le premier rôle féminin échouant à la plus convaincante MAREN JENSEN (MARTHA SCHMIDT), comédienne arpentant la pellicule avec sensualité (la caméra ne se prive pas de survoler ses courbes chaleureuses) et assurance.

Au final, s'il ne constitue qu'un essai qualitativement assez modeste, ce brouillon des fantasmes du réalisateur (déjà obnubilé par les cauchemars, les cercueils, les serpents et les symboles cabalistiques) n'en demeure pas moins une tentative d'ouverture respectable à de nouvelles thématiques plus sociologiques. Avec, en ligne de mire, une condamnation sans ambiguïté de l'intégrisme religieux et de l'intolérance, inépuisables viviers du mal.

 

★★☆☆

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    PsychoseDeLecran (mardi, 03 juin 2014 12:12)

    Effectivement à part ce Craven.

    Je l'ai trouvé assez convaincant, notamment (et comme tu le dis) de par l'aspect sociologique et la dénonciation qui l'accompagne. Pas réellement effrayant cependant (et comme tu le dis encore une fois, de par un statut de film d'horreur plus anthropologique) et manquant d'un grain de folie.