INVITATION EN ENFER

Matt Winslow, un scientifique, s'installe avec son épouse Patricia et leurs deux enfants dans une petite ville de Californie. Son ami Tom tente de le convaincre de s'inscrire à un club de remise en forme dont toute la population locale est membre. Méfiant, Tom fat bientôt de terribles découvertes.

 

 

Réalisation : Wes Craven

Scénario : Richard Rothstein

Photographie : Dean Cundey

Musique : Sylvester Levay

Durée : 96 minutes

Production : Robert M. Sertner

Date de sortie : 1984

Genre : Fantastique

 

 

Robert Urich : Matt Winslow, Joanna Cassidy : Patricia Winslow, Susan Lucci : Jessica Jones, Joe Regalbuto : Tom Peterson, Kevin McCarthy : Mr Thompson

 

Réalisé quelques mois avant LES GRIFFES DE LA NUIT, INVITATION EN ENFER constitue une intrusion plutôt réussie de WES CRAVEN dans l'univers de la télévision.
Impulsée par la chaîne américaine ABC, cette production fauchée, mais plaisante s'envisage à bien des égards comme un remake déguisé de l'un des grands classiques de la science-fiction des années 50 : L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES. On y retrouve le même climat de paranoïa galopant et le même type d'invasion à échelle humaine. Et accessoirement, l'acteur vedette dudit film :  KEVIN MCCARTHY, alias MR. THOMPSON, un bien curieux chef d'entreprise.

La ressemblance avec le long-métrage de DON SIEGEL est d'ailleurs entretenue sans ambiguïté, le réalisateur prenant un malin plaisir à marcher sur les pas de son aîné, corroborant la théorie du complot à grand renfort d'indices et de soupçons plus ou moins insistants. Les apparences sont donc plus que jamais trompeuses.
Si les effets spéciaux et les décors (d'un kitsch achevé) se révèlent peu ou prou incapables de relayer cette menace diaboliquement séduisante, il n'en va pas de même pour la direction d'acteur et la mise en scène, suffisamment méthodiques pour que l'on accepte de se soumettre aux règles du jeu. L'immersion est d'autant plus subtile que jamais Craven ne fait appel au gore ou à la violence frontale, leur préférant la plupart du temps les non-dits et la suggestion.

Loin d'être de simples faire-valoir, les acteurs constituent au contraire la clef de voûte du long-métrage. Maîtrisant sur le bout des doigts la partition de l'ambivalence morale (SUSAN LUCCI incarne finement une diablesse à laquelle on donnerait le bon Dieu sans confession), de l'arrivisme calculateur (JOE REGALBUTO campe un yuppie prêt à tout pour décrocher une promotion), de la frustration sociale (JOANNA CASSIDY, convaincante en femme au foyer saisie par le démon du sexe), mais aussi de la droiture infrangible (ROBERT URICH, impeccable de charisme dans la peau d'un citoyen lambda bien décidé à ne pas céder sous le glaive du capitalisme), le casting tout entier se montre à la hauteur de la tâche délicate qui lui est imparti : réussir à nous faire croire que cet univers monté de toutes pièces présente un réel danger.

Exception faite des dernières bobines, aux confins du ridicule (l'antichambre de l'enfer souffre de décors et de trucages grossiers), Invitation en enfer se savoure avec un vrai plaisir, un plaisir certes primaire (la subversion propre au cinéaste bute sur l'aspect grand public de la production), mais parsemé de visions et de personnages assez perturbants.

Tout compte fait, Wes Craven a plutôt correctement négocié son passage du grand écran à la petite lucarne.

 

★★★☆☆

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