MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE

En 1973, au Texas, cinq jeunes roulant à bord d'une camionnette viennent au secours d'une jeune femme blessée. Quelques instants plus tard, l'inconnue se tire une balle dans la tête sous le regard horrifié des jeunes qui cherchent alors à contacter le shérif du comté. 

 

 

Réalisation : Marcus Nispel

Scénario : Scott Kosar

Photographie : Van Redin

Musique : Steve Jablonsky

Durée : 98 minutes

Production : Michael Bay et Mike Fleiss

Date de sortie : 2003

Genre : Survival

 

 

Jessica Biel : Erin, Jonathan Tucker : Morgan, Erica Leerhsen : Pepper, Mike Vogel : Andy, Eric Balfour : Kemper, R. Lee Ermey : le shérif Hoyt

 

Moins extrême et dérangeant que l'original de TOBE HOOPER, toujours imbattable en matière de perversion morale et de déviances comportementales, MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE cuvée 2003 n'en demeure pas moins un film d'horreur tout à fait respectable.

Loin de verser dans le copier-coller bête et discipliné, cette production signée MICHAEL BAY n'hésite pas à agrémenter le mythe de quelques nouveautés donnant le sentiment de pénétrer dans un univers, sinon différent, du moins renouvelé de l'intérieur. Les personnages, décors et rebondissements sont ainsi remodelés pour répondre davantage aux attentes de l'époque. Même ravalement de façade concernant la mise en scène de MARCUS NISPEL qui, exception faite de l'introduction et de la conclusion, opte pour une forme classiquement hollywoodienne en lieu et place de l'approche rugueuse voulue par Tobe Hooper.

Si l'aspect brut de décoffrage du long-métrage de 1974 a quelque peu été gommé par une technique plus poussée (à l'image du travelling arrière surlignant le suicide d'une adolescente mal dans sa peau, la réalisation de Nispel ne se prive pas d'étaler sa virtuosité), l'essentiel de la légende a su être préservé. Brossé comme une antichambre de l'enfer au sein de laquelle rien ni personne ne saurait survivre, le Texas dégage le même sentiment de pourrissement que jadis. On y pénètre d'autant plus fébrilement que l'on connait cette fois-ci le sort tragique qui attend les protagonistes.

Par chance, si la finalité des évènements reste la même, la route conduisant vers la mort a subi quelques petites modifications salutaires. D'où un intérêt renouvelé. À la menace traditionnelle d'un LEATHERFACE, dont la barbarie et le nihilisme sont restés intacts, s'ajoute désormais celle d'un pseudo-shérif (R. LEE ERMEY, impeccable de sadisme) maître es humiliations. Soit l'alliance sacrée entre l'horreur sourde et la cruauté vicieuse. Devant tant de violences dégénérées, c'est peu dire que l'humanité (ou plutôt, ce qu'il subsiste d'humanité) va devoir batailler ferme pour tenter de survivre plus d'une nuit.

C'est d'ailleurs le défi que va devoir relever ERIN, pivot moral et physique d'un groupe de jeunes tombé entre les mains d'un boucher dépeçant ses proies avec une facilité déconcertante. Nouvelle reine du débardeur mouillée et des hurlements de gorets, la splendide JESSICA BIEL se fond le plus naturellement du monde dans la tête de la voyageuse, lui insufflant une énergie à la hauteur de la vrombissante tronçonneuse lancée à sa poursuite.

Si elle est moins insoutenable que jadis (la mythique scène du souper n'a pas été retenue par le scénariste), cette relecture a donc plus d'un tour dans son sac pour capturer l'attention du spectateur, pris dans tourmente d'une représentation macabre empilant les amputations, les jets de sang, les faciès sataniques, mais aussi, et c'est une situation inédite, les fragments d'émotion (poignante scène où un adolescent implore son amie d'abréger ses souffrances) avec un appétit féroce.

Au bout du compte, cette virée en enfer bis a réussi un pari qui s'annonçait délicat : moderniser l'un des grands classiques du survival sans altérer son essence.

 

★★★☆☆

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