SIX FEMMES POUR L'ASSASSIN

Un individu masqué fait régner la terreur dans une maison de haute couture. S'en prenant exclusivement à des femmes, l'homme ne semble connaître aucune limite morale ou physique.

 

 

Réalisation : Mario Bava
Scénario : Giuseppe Barilla, Mario Bava et Marcello Fondato

Photographie : Ubaldo Terzano

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 88 minutes

Production : Alfredo Mirabile et Massimo Patrizi

Date de sortie : 1964

Genre : Giallo

 

 

Cameron Mitchell : Massimo Morlacchi, Eva Bartok : Cristina Como, Thomas Reiner : l'inspecteur Silvestri, Arianna Gorini  : Nicole, Dante Di Paolo : Franco Scalo

 

LA FILLE QUI EN SAVAIT TROP, le précédent long-métrage de MARIO BAVA, avait esquissé les bases d'un nouveau genre de cinéma, le giallo (jaune en français), genre inspiré par les romans policiers italiens publiés entre 1920 et 1960 par les éditions Mondadori. Malheureusement, s'il possédait quelques belles qualités plastiques, le film pêchait par le classicisme de son scénario et son manque d'audace. En clair, il n'avait pas les épaules pour s'imposer comme un défricheur.

SIX FEMMES POUR L'ASSASSIN réussit là où son prédécesseur avait en partie échoué, donnant naissance à un univers original qui n'allait pas tarder à inspirer des dizaines de productions de nature diverse.

Le ton est donné dès la scène d'ouverture. Monopolisées par une figure qui deviendra très vite l'emblème du giallo (soit un criminel chapeauté, masqué et tout de noir vêtu obsédé par les jeunes femmes), les premières minutes dans le parc de la maison de couture font l'effet d'un uppercut. Baignant dans des lumières délicieusement baroques, cette scène d'assassinat sadique fait encore forte impression aujourd'hui. Un prélude qui sera suivi d'autres séquences frissonnantes au moins aussi réussies.

Poussant le curseur du gore à un niveau que peu de productions de l'époque avaient tutoyé, Mario Bava enchaîne les exécutions sanglantes sans jamais se dépareiller de son amour pour les belles choses. L'imagination macabre du criminel (qui est-il ? que veut-il ? pourquoi ne s'en prend-il qu'à des femmes ?) est redoutable : strangulation, écrabouillement facial, calcination, noyade, étouffement. Une panoplie nimbée d'une mise en image toujours inspirée. Aussi élégants que les méthodes du tueur sont agressives, les éclairages ont l'art de détourer les visages et les corps féminins, les immergeant dans une kyrielle de couleurs excentriques typiques des premiers films de Bava, réalisateur et chef opérateur inventif.

La grande faucheuse peut être fier du travail accompli par son suppôt, élève doué pour qui souffrance rime avec beauté et enquête policière avec épouvante. C'est d'ailleurs dans ce subtil mélange d'ingrédients que réside toute la force du giallo, genre hybride qui réussit à amalgamer plusieurs familles de cinéma (horreur, polar, érotisme, gothique...) sans ressembler à un patchwork indigeste.

Seul point faible du long-métrage, la direction d'acteurs peine à se hisser au niveau de l'esthétique générale. Mollement dirigé, le casting ne fait aucune étincelle, même quand arrive l'heure de la grande révélation finale, passage obligé de tout bon giallo qui se respecte. Un écueil malheureusement indissociable de l'oeuvre du réalisateur, moins intéressé par les êtres humains que par les éclairages et les trucages optiques.

Chaleureux en apparence, mais glacial comme la mort quand on commence à gratter sous le vernis de la respectabilité (les personnages cachent tous des secrets inavouables), Six femmes pour l'assassin n'a pas volé son statut de classique du giallo, genre dont il aura posé la plupart des bases pour les décennies à venir.

 

★★★★☆

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Commentaires: 2
  • #1

    Allan (vendredi, 13 novembre 2015 02:58)

    Il me semble que tu as un faible pour les galio non ? Beaucoup de tes critiques en sont; ¨¨
    Bon, quoiqu'il en soit, je suis tenté par ton film, j'aime bien le coté 'old school' du cinéma, enfin les films des années 60 à 80, je trouve qu'ils ont un charme à eux qu'on ne retrouve plus aujourd'hui.

  • #2

    Dariofulcio13 (lundi, 07 décembre 2015 19:10)

    Encore une fois une superbe critique...et pour un des piliers fondateurs du Giallo (que je n'ai scandaleusement toujours pas vu, honte à moi!!!). Bon il faut que je me bouge pour le dénicher et voir cette pierre angulaire si réputée.