HALLOWEEN 6 : LA MALÉDICTION DE MICHAEL MYERS

Six ans après s'être évadé d'un commissariat de police, Michael Myers est, tout comme sa nièce Jamie Lloyd, 15 ans, retenu en otage par une secte. Celle-ci, enceinte, vient de mettre au monde son enfant que la secte compte sacrifier. 

 

 

Réalisation : Joe Chappelle

Scénario : Daniel Farrands

Photographie : Billy Dickson

Musique : Alan Howarth et Paul Rabjohns

Durée : 90 minutes

Production : Moustapha Akkad, Paul Freeman, Malek Akkad

Date de sortie : 1995

Genre : Slasher

 

 

Donald Pleasence : Sam Loomis, George P. Wilbur : Michael Myers, Paul Rudd : Tommy Doyle, Marianne Hagan : Kara Strode

 

HALLOWEEN 6, LA MALÉDICTION DE MICHAEL MYERS est l'un des épisodes les plus étranges de la série.
Hésitant entre une relecture très traditionnelle du classique de JOHN CARPENTERet une sorte de projection satanique du second volet de RICK ROSENTHAL, le film de JOE CHAPPELLE évoque davantage un patchwork bigarré qu'une production cohérente. C'est sa plus grande limite.
Cependant, malgré son manque de transparence évident, le long-métrage n'est pas totalement dénué de qualités. Apportant un éclairage nouveau sur les origines de Michael Myers, le scénario explore une piste qu'HALLOWEEN 2 avait prise en considération sans toutefois l'approfondir : le supposé lien entre l'occiseur d'Haddonfield et la fête celtique de Samain. Après des années de doutes, Halloween 6 explicite ainsi les raisons ayant poussé le jeune garçon à se transformer en un furieux psychopathe durant la fameuse nuit du 31 octobre 1963, une explication corroborant l'hypothèse selon laquelle Michael Myers est bien plus qu'un simple serial killer. Et surtout, bien plus qu'un simple suppôt du mal dont les actes n'obéiraient qu'à une psychose violente. La théorie est osée, sans doute farfelue, mais d'autant plus recevable qu'HALLOWEEN 3, LE SANG DU SORCIER avait déjà creusé un sillon assez semblable.

Malheureusement, le film n'a pas su saisir toutes les opportunités de renouvellement qui se présentaient à lui. Digne d'intérêt quand il défriche de nouveaux personnages (la secte des adorateurs de Thorn inspire quelques frissons contagieux durant les premières minutes, entièrement consacrées aux pérégrinations de JAMIE LLOYD), il paraît en revanche bien pataud quand il revient au bercail de l'horreur, c'est-à-dire à Haddonfield même.
Emboîtant le pas au classique de John Carpenter sans jamais lui arriver à la cheville, le long-métrage nous abreuve d'une sensation de déjà-vu que de nombreux emprunts alimentent sans discontinuité. Par-delà les apparitions intempestives de Michael Myers (qui se profile à l'arrière-plan tel un spectre), par-delà les décors, pour le moins rituels (une bonne partie de l'action se déroule dans la maison natale du croquemitaine), c'est surtout le concours de personnages familiers qui entretient ce sentiment de passéisme. Parmi eux, on notera la présence de trois "revenants" d'HALLOWEEN, LA NUIT DES MASQUES : TERENCE WYNN (alias l'administrateur de l'hôpital psychiatrique de Smith's Grove, individu dont le laxisme avait facilité l'évasion du criminel), la famille STRODE (anormalement installée dans la demeure de Michael Myers) et enfin TOMMY DOYLE, alias le garçonnet qui avait été confronté physiquement au tueur dix-sept ans plus tôt. Une manière comme une autre d'établir un lien de filiation direct avec le premier épisode.

Malheureusement, Joe Chappelle n'est pas John Carpenter. À des années-lumières du génie narratif et visuel du maître de l'angoisse, Chappelle signe une mise en scène sans envergure qui, de cadrages étriqués en ralentis poussifs, donne le sentiment de visionner un téléfilm. Ajoutons à cette déception une interprétation décente (bien qu'éminemment sympathiques, MARIANNE HAGAN et PAUL RUDD n'ont pas la carrure de leurs prédécesseurs ; DONALD PLEASENCE, alors en proie à de violents problèmes cardiaques, paraît bien fatigué), mais pas transcendante, et l'on obtient un retour en arrière pas indispensable pour deux sous.

Moralité : Halloween 6 aurait mieux fait de creuser plus en profondeur les ramifications satanico-eugéniques que lui offraient la secte de Thorn plutôt que de s'attarder aussi longuement sur les clichés d'Haddonfield. Michael Myers (GEORGE P.WILBUR, encore plus massif et brutal que dans HALLOWEEN 4 : LA REVANCHE DE MICHAEL MYERS) en serait peut-être sorti grandi.

 

 ★★☆☆☆

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    Raphaël (mardi, 22 avril 2014 16:58)

    Bon, cette fois-ci je ne vais pas me "casser la tête" et je vais reprendre le commentaire que j'avais mis sur l'article de ZeShape :

    Si le 5 est un véritable plaisir coupable pour moi, le 6 pas vraiment. Mais je précise qu'il contient évidemment des bonnes choses (notamment les meurtres et l'ambiance), mais la tentative scénaristique (sans vouloir offenser Daniel Farrands !) frôle parfois l'absurde (sans doute la faute à Halloween 5, j'en suis conscient). L'idée d'introduire toute cette aura maléfique avec la secte et l'histoire de Thorn - entre autre - me fait toujours perdre le fil, ça dénature presque ce qui fait le charme et la force de Michael Myers ; juste un tueur né, le mal en personne sans véritable raison apparente, il existe, il tue, il ne meurt pas, et c'est tout. Mais globalement, je ne pense pas qu'Halloween 6 mérite un tel traitement aussi négatif qui se transforme parfois en défouloir complètement gratuit, car certes, au premier visionnage, on peut être très déçu (tout comme moi), mais si on y regarde de plus près en se laissant aller malgré un scénario étrange et pas forcément bien mis en valeur, il reste un opus plutôt correct et avant tout un slasher de qualité, même si l'ami Myers semble avoir pris un sacré coup de vieux. (Désolé George, mais je te préfère largement dans Halloween 4 ! ^^)

    Pour conclure : Halloween 6 est en effet, un opus très étrange. A la fois fascinant et déroutant, appréciable et détestable, voilà un film qui semble devenu un incontournable de la saga, certainement plus que d'autres. On adore, on apprécie moyennement, ou on déteste, on ne peut passer à côté de cet opus qui, forcément, divisera le plus grand nombre.