HALLOWEEN 5 : LA REVANCHE DE MICHAEL MYERS

Un an a passé depuis que Michael Myers a tenté de tuer sa nièce Jamie. Poursuivi par la police, il tombe dans une fosse, s'enfuit par un canal, longe une rivière et est recueilli par un ermite. À son réveil, il tue celui qui l’a hébergé et reprend sa traque.

 

 

Réalisation : Dominique Othenin-Girard

Scénario : Shem Bitterman, Michael Jacobs et Dominique Othenin-Girard

Photographie : Robert Draper

Musique : Alan Howarth

Durée : 90 minutes

Production : Moustapha Akkad et Ramsey Thomas

Date de sortie : 1989

Genre : Slasher

 

 

Donald Pleasence : Sam  Loomis, Don Shanks : Michael Myers, Danielle Harris : Jamie Lloyd Carruthers, Beau Starr : Shérif Ben Meeker,  Ellie Cornell : Rachel Carruthers

 

On avait abandonné HALLOWEEN 4 : LE RETOUR DE MICHAEL MYERS sur une note positive. Ainsi, malgré ses dix années d'existence, la série venait de prouver qu'elle était capable de poursuivre son petit bonhomme de chemin sans avoir à rougir de ce qu'elle était devenue.

Tourné dans la foulée, HALLOWEEN 5 : LA REVANCHE DE MICHAEL MYERS ne parvient malheureusement pas à créer la même étincelle de passion. D'ordinaire contenus, les clichés inhérents au slasher sont cette fois-ci cultivés sans parcimonie aucune. 
Bovins à souhait, les personnages secondaires ne réussissent pas à dépasser le stade de la caricature grossière. Entre le bellâtre obsédé par sa cylindrée, la jeune blondinette surexcitée à l'idée de se faire déflorer dans les foins, l'insouciante incapable de voir la mort en face alors qu'elle s'apprête à la frapper en plein c
œur, l'adepte du détournement de marchandises et des déguisements bon marché, le tandem de flics patauds digne d'une mauvaise sitcom, c'est peu dire que ce cinquième opus verse plus d'une fois dans la psychologie de pacotille. Les exécutions desdits personnages ne soulèvent donc que très peu de passion.

Par chance, tout n'est pas à jeter dans cet ersatz. Quelques idées de scénario éparpillées de-ci de-là se révèlent même assez intéressantes. Dans le prolongement de la fin de l'épisode précédent, l'étrange relation télépathique entre MICHAEL MYERS (incarné par le décevant DON SHANKS) et JAMIE LLOYD CARRUTHERS (DANIELLE HARRIS) colore le film d'une touche d'émotion bienvenue. Qui aurait pu penser un seul instant qu'un cœur battait au fin fond des entrailles du psychopathe ? Qui aurait pu croire que l'homme pouvait être gagné par la compassion au point de verser une larmichette ? Personne. Certes, Myers reste avant tout un tortionnaire impitoyable qui prend toujours autant de plaisir à persécuter les proies qu'il a lui-même sélectionnées, mais avouons que cette brèche ouverte dans la personnalité du tueur apporte un petit plus au long-métrage.

Parmi les autres points de satisfaction, on appréciera aussi le suspense entourant les apparitions d'un mystérieux inconnu tatoué fraîchement débarqué en ville, individu dont on suit les moindres déplacements avec curiosité. Quel rapport entretient-il avec le scénario historique de la franchise ? Réponse à la fin de la dernière bobine, avec, en ligne de mire, un possible pont avec le prochain épisode.

Hélas, ces quelques embryons de renouvellement se montrent par trop timides pour susciter un véritable engouement. Handicapé par une réalisation sans saveur particulière et une photographie dénuée de profondeur (les séquences nocturnes, majoritaires, baignent dans une sorte de mélasse restreignant la visibilité de l'action), le film de DOMINIQUE OTHENIN-GIRARD ne parvient pas à rendre justice aux qualités techniques de ses quatre prédécesseurs, tout largement supérieurs en terme de mise en image.

Résultat : les incontournables scènes de poursuites et de meurtres, plus longues et plus gores que de coutume (Michael Myers semble avoir pris pour modèle le JASON VOORHEES de Vendredi 13), ne se distinguent ni par leur esthétique ni par leur imagination.
Dans un souci d'équité, on aura toutefois à cœur de rendre hommage à la persévérance du vétéran DONALD PLEASENCE (énergique, mais parfois aux confins du cabotinage) et au jeu bouillonnant de la toujours impeccable Danielle Harris, même si rien ne saurait gommer le sentiment de déception qui se dégage de la projection.

Après onze années de bons et loyaux services, la série aurait-elle fini par buter sur ses propres limites ?

 

★★☆☆☆

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Commentaires: 10
  • #1

    Raphaël (samedi, 19 avril 2014 11:40)

    Je reconnais pleinement tous les défauts de cet opus. Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher de l'aimer et de le défendre ! Serait-ce ma profonde nostalgie qui me pousse à apprécier l'inappréciable ? Possible... En tout cas, le seul gros défaut du film est d'avoir été mis dans les mains d'impatients. Tout a été fait dans la précipitation, ça se sent. En revanche, si le film regorge de petits défauts regrettables qui font le bonheur d'autres slashers plus crétins, on peut saluer certaines qualités indéniables, notamment quelques moments d'anthologie comme la rencontre entre Loomis et Myers et le jeu du "attrape-moi si tu peux" entre ce dernier et Jamie dans le conduit à linge. Les meurtres, plus brutaux, restent bien foutus, malheureusement très prévisibles. Par contre, malgré une réalisation certes discutable, l'ambiance de cet Halloween 5, je la trouve particulièrement géniale. Tout comme beaucoup d'opus de cette franchise ceci dit... Je regretterai toujours le fait qu'il ait mis en chantier des éléments étranges (le tatouage, l'homme en noir...) et qu'il ait été si bâclé dans l'ensemble. Sinon, pour ne pas trop m'y attarder non plus, je le trouve diaboliquement efficace, et le nouveau masque de Myers le rend encore plus diabolique à mon sens. La relation entre Myers et Jamie se renforce et cela nous fait perdre la tête et nos moyens, un peu comme Loomis et son comportement d'homme près à tout, ce qui est parfaitement compréhensible après toutes ces années. L'idée du Michael Myers qui lâche une larme... pas fan non plus, en revanche je trouve cela bien mieux amené que de l'humaniser à mort comme dans le Remake, ici on parvient presque à le comprendre, mais malgré tout, ça n'avait pas forcément sa place. Bon voilà, je pense avoir globalement fait le tour, quoi qu'il en soit, il reste à mon sens un slasher de qualité à la hauteur de son prédécesseur, mais un Halloween quelque peu décevant. Objectivement, impossible de le nier...

    "Michael Myers (incarné par le décevant Don Shanks)"

    >> Qu'est-ce qui t'a déplu chez Don Shanks ? Personnellement, je l'aime plutôt bien...

  • #2

    Raphaël (samedi, 19 avril 2014 11:43)

    Loomis et son comportement d'homme prêt à tout *

  • #3

    theblackscreen (samedi, 19 avril 2014 11:54)

    "Qu'est-ce qui t'a déplu chez Don Shanks ? "

    Je trouve cet acteur assez pataud et peu charismatique. Il n'a ni la fougue de Nick Castle ni la souplesse fantomatique de George P. Wilbur. Je le trouve assez quelconque en fait...

  • #4

    Raphaël (samedi, 19 avril 2014 12:02)

    "Je trouve cet acteur assez pataud et peu charismatique. Il n'a ni la fougue de Nick Castle ni la souplesse fantomatique de George P. Wilbur. Je le trouve assez quelconque en fait..."

    >> Crois-moi, c'est encore pire dans H6. George P. Wilbur n'est plus ce qu'il était... :D

    Mais perso', je trouve que Don Shanks a une bonne prestance à l'écran, imposant de par sa carrure (même si je préfère les Myers "moyens" de Castle et Warlock), méthodique et lent comme il faut. Et puis, je trouve certains points de vue intéressants, comme montrer le bout d'une épaule, du masque, ou encore le voir en arrière-plan assez flou... Dominique Othenin-Girard a eu l'intelligence, comme dans le 1, de ne pas l'exposer trop souvent face caméra (bon, d'un côté, Halloween 2 le montre souvent et ça reste tout aussi efficace, tout est une question de savoir-faire). D'ailleurs, étrangement, Halloween 5 fait des petits clins d'œil (volontaires ?) très sympathiques au premier, comme Myers qui roule en voiture, Jamie qui se coiffe avec une brosse devant la glace, une relation plus compliquée entre Loomis et le sheriff (qui lui aussi saura sa fille morte)...

  • #5

    Raphaël (samedi, 19 avril 2014 12:04)

    Sinon, on regrettera surtout qu'Halloween 5 est un

  • #6

    Raphaël (samedi, 19 avril 2014 12:12)

    Sinon, on regrettera surtout qu'Halloween 5 est un* poil trop rapide dans sa façon d'expliquer le pourquoi du comment de la fin d'H4, qui était très marquante. Mais, comme je l'ai toujours pensé, je vois mal comment il aurait pu gérer tout cela mieux qu'il ne le fait, et je trouve qu'il le fait plutôt bien en faisant de Jamie une victime de son oncle à la fois meurtrie physiquement et psychologiquement, et ce lien télépathique, c'est surtout H4 qui l'a amené... D'ailleurs, je me suis toujours dis que la fin d'Halloween 4 aurait été plus compréhensible à la fin du 5, car on aurait pu boucler la boucle sur une touche forte. A mon humble avis, il fallait laisser plus de temps pour la relation Myers/Jamie et la traque qui nourrit notre Boogeyman. Et si Halloween 4 avait amené cette bonne idée précocement ? Fort possible, mais pas sûr qu'ils auraient eu la même 1 an plus tard... ce qui aurait été bien mieux.

  • #7

    theblackscreen (samedi, 19 avril 2014 12:15)

    "comme Myers qui roule en voiture"

    Heureusement que Michael Myers a appris à conduire lorsqu'il était retenu prisonnier dans l'asile psychiatrique hein... Sinon, on se demanderait encore comment il fait pour piloter de tels bolides :D Cela dit, je me suis toujours demandé si un asile avait légalement le droit de faire ça. Il faudrait que je creuse la question un de ces jours.

    "Jamie qui se coiffe avec une brosse devant la glace"

    Ce piège fait partie du plan de Loomis pour attraper Michael Myers. On sait tous à quel point le tueur est sensible à certaines images de son passé, notamment celles entourant son premier meurtre. Mais tu as raison, on peut aussi voir ça comme un clin d’œil...

  • #8

    Raphaël (samedi, 19 avril 2014 12:25)

    "Heureusement que Michael Myers a appris à conduire lorsqu'il était retenu prisonnier dans l'asile psychiatrique hein... Sinon, on se demanderait encore comment il fait pour piloter de tels bolides :D"

    Ou alors c'est un fabuleux autodidacte... :D
    Mais en effet, ce qu'insinue Loomis dans le premier n'est pas si bête... D'ailleurs, serait-ce ce fourbe de Terence Wynn... ? Hum...

  • #9

    theblackscreen (samedi, 19 avril 2014 13:59)

    "Sinon, on regrettera surtout qu'Halloween 5 est un* poil trop rapide dans sa façon d'expliquer le pourquoi du comment de la fin d'H4, qui était très marquante"

    Si la franchise avait suivi la logique d'Halloween 4 jusqu'au bout, elle aurait dû faire de Jamie la tueuse de l'épisode 5. Avouons que cela aurait été très particulier, non ? Du fait de sa petite taille et de son air innocent, Jamie aurait incarné une psychopathe encore plus redoutable que Michael Myers. En attendant, le début d'Halloween 5 pose un problème de cohérence assez gênant, la gamine donnant le sentiment d'avoir été guérie en deux coups de baguette magique. Soit le contraire de son oncle qui n'a jamais réussi à se libérer de sa folie malgré tous les efforts de son psychiatre... Pourtant, Halloween 4 nous avait dès le début indiqué que l'oncle et la nièce était réunis par une relation assez particulière. Les cauchemars de Jamie allaient d'ailleurs dans ce sens.

  • #10

    Dariofulcio13 (mardi, 29 avril 2014 15:17)

    Autant j'ai trouvé le précédent très soporifique par moment malgré d'indéniables qualités...autant celui-ce se laisse voir comme un plaisir coupable (et j'insiste sur le terme coupable).

    Comme tu le dit, "Halloween V" rentre à partir de cet épisode de plain pied dans les conventions du slasher basique avec ce que cela implique de clichés sur pattes assez grossiers (bien que j'ai toujours eu un faible pour la copine fofolle de la demi-soeur) et d'improbabilités en tous genres.

    Si le film ne se démarque en rien du genre en général (bien que plus dynamique et agréable visuellement parlant que le film précédent, la mise en scène d'Othenin-Girard demeure quand même plus fonctionnelle que véritablement "artistique") l'ensemble se tient par quelques meurtres un poil énervés et un suspense parfois crispant (la poursuite de Jamie dans le conduit). On saluera également la démystification progressive de l'aura positive de Donald Pleasence qui sombre peu à peu dans une fixette psychotique à l'encontre de son ex-patient maudit ainsi que l'interprétation toujours impeccable (quoique majoritairement muette) de la petite Danielle Harris. Effectivement il aurait été préférable de la voir prendre le relais de son tonton après la conclusion gonflé du volet précédent...mais honnêtement je doute fort que les producteurs auraient pris ce risque de modifier à nouveau les règles d'un jeu rentable (la douche froide d'"Halloween III" étant encore dans les mémoires collectives).

    Au final, si l'on est trèèèèèès loin du niveau des deux premiers opus, ce cinquième round demeure un spectacle superficiel mais convenable.