TREMORS

TREMORS relève un pari que peu de films d'horreur ont réussi à honorer : faire rire et faire frissonner avec un égal bonheur. Le cocktail est savoureux. L'esprit, savamment potache, délectable. Et les prestations des différents acteurs au diapason.

Au centre de tous les regards et de toutes les peurs, les monstres (sortes de vers de terre géants aveugles, mais dotés d'une audition leur permettant de traquer leurs proies avec une redoutable efficacité) ne manquent pas de piquant. Chacune de leurs apparitions donne lieu à de grands moments de panique cocasso-sanglants. Désemparées face à ce qu'il faut bien appeler une surprenante invention de la nature (à moins que quelques essais nucléaires peu orthodoxes aient accéléré leur développement...), les populations locales nous gratifient de réactions souvent amusantes, héros de l'histoire inclus.

Incarnés par un KEVIN BACON (VALENTINE MCKEE) et un FRED WARD (EARL BASSET) faisant montre d'une belle complicité affectueuse, nos deux cow-boys ont en effet décidé de s'affranchir des codes de conduites inhérents au genre. Fainéants comme des couleuvres, buveurs, encroûtés dans leurs vieilles habitudes de travailleurs précaires, volontiers puérils lorsqu'il s'agit de résoudre des situations délicates (ils utilisent incessamment le jeu "pierre-feuille-ciseaux" pour se départager), incapables de trouver une compagne supportant leur vie de joyeux traîne-savates plus de quelques jours et armés d'un solide sens du second degré, ils constituent l'épine dorsale d'un long-métrage bien décidé à tracer sa propre route, une route faite d'humour, de cavalcades au soleil (l'influence du genre western est omniprésente) et naturellement, d'affrontements meurtriers.

Mis en valeur par des animatroniques de grande qualité, les Graboïds (c'est le nom que leur a donné un personnage secondaire) peuvent également compter sur une mise en scène percutante, le réalisateur RON UNDERWOOD utilisant la caméra subjective et les plans grue de manière à insuffler à ses vedettes de bestioles un maximum de brusquerie et d'omnipotence sur leur environnement. Conséquence : on guette l'irruption des prédateurs-gloutons avec la même impatience que les protagonistes.

Parmi eux se cache une tête brûlée qui va très vite passer du statut de second couteau à celui de personnage culte en devenir : BURT GUMMER (interprété par l'excellent MICHAEL GROSS), alias l'homme sur les épaules duquel repose peut-être la survie du village. Symbole d'une Amérique obsédée par les armes à feu et l'autodéfense, le desperado nous gratifie de saillies bouffonnes et d'assauts furieux s'inscrivant eux aussi à merveille dans l'esprit iconoclaste de Tremors, néo-western qui a su transmettre une nouvelle dynamique au traditionnel film de monstres sans jamais se dépareiller de son sens de l'humour et de sa simplicité.

Une production très plaisante.

À noter : trois suites assez décevantes (TREMORS 2 : LES DENTS DE LA TERRE, 1996, S.S. WILSON ; TREMORS 3 : RETOUR A LA PERFECTION, 2001, BRENT MADDOCK ; TREMORS 4 : LA LÉGENDE COMMENCE, 2004, S.S. WILSON) et une série télé de 13 épisodes - à l'avenant, elle - mettant en scène ledit Burt Gummer ont tenté de marcher sur les traces du long-métrage original de Ron Underwood. Hélas, aucune d'entre elles n'a su retrouver sa pétulance.

 ★★★☆☆